Guillaume Apollinaire publie est 1907 ce roman érotique qui fut scandaleux. S'appuyant sur l'Histoire de l'Europe et de ses peuples, il analyse l'Homme sous un jour médiocre où celui-ci serait capable des pires abominations uniquement pour satisfaire ses instincts telle une bête humaine.
Le personnage principal, le prince Mony Vibescu, Hospodar héréditaire est un noble roumain. Pervers et amoral, celui-ci part dans un premier temps vivre à Paris où il goûte au Libertinage auprès notamment de deux jeunes femmes. Suite à une agression dont il est victime, il repart pour la Roumanie avec un domestique, Cornabœux qui devient son compagnon de débauche. Toujours accompagné de celui-ci, il prend part à la guerre qui oppose la Russie au Japon en 1905.
Il est intéressant selon moi de tisser un parallèle entre cet écrit et la pièce de théâtre Lorenzaccio d'Alfred de Musset. En effet, Mony est amoral comme Lorenzo, il est accompagné d'un être pire que celui-ci Cornabœux tout comme Laurent favorise la débauche du Prince Alexandre de Médicis, ces derniers étant des parangons d'immoralité, ils savent que ce qu'ils font est mal. De plus, de temps à autre on trouve une certaine trace d'humanité chez les deux protagonistes notamment lorsque Mony est ému après avoir écouté le récit de Kilyému, une putain japonaise qui veut racheter sa liberté pour retrouver l'homme qu'elle aime, bien que ce soit lui qui l'ai vendu aux tenanciers du bordel de Port-Arthur. Le surréalisme d'Apollinaire s'oppose au romantisme de Musset tout en le complétant.
Toutefois, ce texte est daté, cru, vulgaire, faisant l'apologie de pratiques sexuelles contre nature comme la pédophilie, la scatophilie, la barbarie, la nécrophilie et la torture. L'auteur ne s'embarrasse pas de description et raconte d'une façon globalement linéaire l'histoire de l'Hospodar héréditaire aménageant des ellipses entre chaque scène d'amour afin que le récit sortent du cadre de la littérature pour s'inscrire dans la lignée du gonzo. L'unique but du lecteur est ici se prendre un plaisir bestiale très éloigné de celui de lire.
Cependant, il est relativement intéressant d'apprécier des scènes de chauvinisme exacerbé provenant de Guillaume Apollinaire qui décrit une Europe dont la langue internationale est encore le Français. Un vocabulaire savoureux est utilisé mêlant des mots disparus à un vocabulaire qu'on pourrait croire récents. Les nombreuses scènes d'homosexualité, presque banales, se développant au seins de groupes mixtes semblent attester l'existence d'une perception de la sexualité différente de la notre. De même, les canons de beauté de l'époque sont radicalement opposés à ceux de notre société, les jeunes filles rachitiques n'ont pas encore remplacé les femmes aux formes généreuses.
En bref :
Le vocabulaire :
- le con : le vagin
- le vit : le pénis
- le gougnottage : la masturbation
Le leitmotiv :
"Que les onze mille vierges ou même onze mille verges me châtient si je mens !"
Les passages emblématiques :
"Mais Rome est déchue de sa splendeur, la reine des cités a cédé sa couronne à Paris et quoi d’étonnant que, par un phénomène atavique, la pensée des Roumains soit toujours tournée vers Paris, qui a si bien remplacé Rome à la tête de l’univers !"
"Bientôt l’agitation des trois personnages fut extrême, leur respiration devint haletante. Alexine déchargea trois fois, puis ce fut le tour de Culculine qui descendit aussitôt pour venir mordiller les couilles de Mony. Alexine se mit à crier comme une damnée et elle se tordit comme un serpent lorsque Mony lui lâcha dans le ventre son foutre roumain. Culculine l’arracha aussitôt du trou et sa bouche vint prendre la place du vit pour laper le sperme qui en coulait à gros bouillons. Alexine, pendant ce temps, avait pris en bouche le vit de Mony, qu’elle nettoya proprement en le faisant de nouveau bander."
Les liens :
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